En 1899, la Ville de Lausanne a racheté divers terrains situés sur le plateau de la Blécherette, qu’elle loue à la Confédération comme place d’exercice militaire. Le premier atterrissage d’un avion a lieu en 1911, en provenance de Genève (La Blécherette 80 ans d’aviation, 1990). En 1914, un hangar en bois pour aéroplanes est construit près de la ferme de la Blécherette. Une année plus tard, l’aviation militaire vient s’installer à Lausanne et la première école suisse d’aviation est ouverte. À ce moment, le site de la Blécherette se trouve en pleine campagne, à près de 1 500 m de la limite nord-ouest de la ville, qui se situe alors à l’Avenue du Mont-Blanc (voir carte nationale de 1911).
L’aérodrome poursuit ensuite son développement. En 1946, son déménagement à Ecublens est accepté par le Conseil communal de Lausanne et le Grand Conseil vaudois. Un référendum est toutefois lancé et, malgré l’acceptation des Lausannois, le crédit est rejeté au niveau cantonal. À ce moment-là, l’aérodrome est toujours situé en campagne, mais de premières habitations ont fait leur apparition dans le quartier du Bois-Gentil à l’Est ou du chemin Beau-Site au Sud, à environ 650 m de l’extrémité sud de l’aérodrome (voir carte nationale de 1945 ci-dessous).
En 1961, c’est du côté d’Etagnières que doit déménager l’aérodrome. Le Conseil communal de Lausanne l’accepte en 1965, mais le peuple refuse un an plus tard que le Conseil d’État souscrive au capital-actions de la société de l’aérodrome de Lausanne-Etagnières. Les années s’écoulent jusqu’en 1986, où la Municipalité décide que l’aérodrome serait fermé en 2006, date de l’échéance de la concession d’exploitation. Le Conseil communal refuse toutefois cette décision en 1988. La Municipalité présente alors en 1992 un Plan partiel d’affectation pour définir la zone dévolue à l’aérodrome, que le Conseil communal accepte tout en décidant de soumettre cette décision au référendum spontané. Le 21 juin 1992, la population confirme le maintien de l’aérodrome. À ce moment-là, l’urbanisation s’est fortement rapprochée de l’aérodrome et densifiée, avec notamment la construction au sud des grands ensembles des Bossons, de Pierrefleur, puis du Grey et de Gratta-Paille, les plus proches étant à seulement à 180 m de l’extrémité sud de l’aérodrome (voir carte nationale de 1992 ci-dessous).
L’aérodrome construit alors une piste en dur et ses activités se développent de manière conséquente, pendant que l’urbanisation se poursuit à proximité au Sud, avec les développements de l’extrémité ouest de Pierrefleur notamment, jusqu’à la situation que nous connaissons aujourd’hui (voir carte nationale de 2018 ci-dessous).
La mise en perspective de cet historique et de l’évolution de l’urbanisation aux abords de l’aérodrome montre bien que d’un aérodrome situé en pleine campagne au début du XXe siècle, sans aucun quartier d’habitations sur le chemin des avions tant au Sud qu’au Nord, la Blécherette s’est progressivement retrouvée aux portes de la Ville de Lausanne, entourée de très nombreuses habitations sur son versant sud.
Cette situation rend aujourd’hui la cohabitation entre l’aérodrome et ses riverains très difficile, et elle va encore largement se détériorer avec le développement de l’écoquartier des Plaines du Loup voisin, dont les constructions les plus proches de sa première étape se trouvent à moins de 100 m au sud de l’extrémité de la piste de l’aérodrome.